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In Bocca Al Lupo
9 janvier 2009

"Dieu a donné, Dieu a repris"

Bains_Kiraly

C'est l'histoire d'un mec qui passe sa vie d'une part à souffrir des mots qu'on ne lui a pas dit et d'autre part caché derrière les mots des autres. C'est une histoire de maux et de mots. Le thème est connu, vu et revu, ici revisité à travers le personnage de Gabriel, traducteur qui hait ses dictionnaires. Car le dictionnaire est le symbole de la profusion de mots vides de sens, inaptes à dire la douleur véritable et vraie, la douleur qui ronge et dont on ne parle pas. Ce court roman est une réflexion sur la langue et sa faiblesse : insuffisance des mots, impuissance du langage. C'est aussi une réflexion sur les langues. On retrouve alors le thème du passager clandestin qui voyage d'une langue à l'autre comme on prend un avion Londres-Budapest -avec la même facilité apparente et la même émotion en-dedans.

Je l'ai lu, mais je ne suis pas sûre d'avoir aimé. Je ne sais pas, en fait. Les propos de Gabriel sonnent juste quand il se demande ce que pense Laura, sa compagne enceinte qu'il a abandonnée dans un moment de panique. Panique : "certitude qu'il ne nous reste que la fuite" (p.113). Touchée, émue par les incessantes demandes du type "qu'est-ce qu'elle pense de ceci ? est-ce qu'elle se souvient de cela ? est-ce que la haine efface les bons souvenirs ?". Ce n'est pas parce qu'on part sans se retourner qu'on n'est pas ravagé. Et à côté de ces vérités universelles livrées dans toute leur simplicité, des formulations à la mords-moi-l'nœud. Des moments où l'obsession de la structure de la langue prend le dessus : "ma grand-mère est morte comme une syntaxe désordonnée" (p.23), "Certaines personnes qui passent dans notre vie sont comme les déclinaisons d'une nouvelle langue" (p.37)... Les comparaisons à  base de linguistique me laissent froides. Je les trouve molles et -pire- faciles. Et pourtant dieu sait que j'aime la linguistique.

C'est un livre qui commence et finit par la même phrase : "Un pas devant l'autre". Un livre qui stagne. Un livre de "l'espace du dedans". Mais Michaux en parle mieux. Tout y passe. L'amour et l'amitié : comment aller vers l'autre ? sur quoi repose une relation ?... Mais Montaigne en parle mieux. La spiritualité : la lecture du texte, l'apprentissage de l'hébreu, les références incessantes à Job, la visite de la synagogue...

Pas convaincue.

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