"Les glaçons pleurent ! Le dégel était de retour."
Micha a été adopté par Victor, écrivain
raté devenu rédacteur
de nécrologies, lorsque le zoo en mal de fonds a commencé à se
débarrasser de ses pensionnaires. Depuis, leurs solitude respectives se
tiennent compagnie. Micha erre de la baignoire au balcon, se place de temps en temps sur le seuil des portes de l'appartement
pour observer son maître qui tape sur sa machine à écrire des notices
nécrologiques de personnes encore bien portantes... qui ne tarderont
pas à disparaître dans des circonstances pour le moins louches, Ukraine
des années 1990 oblige. Victor se fait un thé, Micha mange un poisson,
Victor se fait un café, Micha pose sa tête sur les cuisses de son
maître. Victor travaille chez lui, et beaucoup. Il oublie dans le
travail sa place de rouage dans une machination bien huilée. Micha est
dépressif, quand il voit à la télévision ses congénaires s'agiter sur
la banquise, il vient coller son bec à l'écran. Lui a une malformation
cardiaque et n'est pas spécialement vaillant.
En sujet de culture générale littéraire "Un animal dans une oeuvre de
votre choix" est un grand classique. Il n'y aurait pas grand chose à
dire sur Micha. Il fait partie des meubles. Il est là au même titre que
le réveil qui agace Victor par son tic tac sonore lors de ses longues
nuits d'insomnie. Au même titre que Sonia, petit bout de choux dont
Victor a hérité quand son père a disparu.
J'ai lu Le Pingouin
avec beaucoup de plaisir. Ca se lit tout seul, on pose son regard sur
le premier mot et on arrive au dernier sans même s'en rendre compte.
J'ai très peu ri, beaucoup souri et renforcé ma conviction selon
laquelle les rencontres inespérées sont porteuses d'une beauté unique.
Depuis que j'ai lu Kundera, je ne me souviens plus comment je pensais avant.
Tout me vient en terme de légèreté et de pesanteur. La pesanteur de
l'Ukraine en pleine divague post-communiste. La légèreté de deux
inconnus en mal de bonheur se versant des rasades de vodka jusqu'à
épuisement.
"Quand la poussière sera retombée, je réapparaîtrai."