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In Bocca Al Lupo
2 avril 2008

Les livres


Martin Winckler - Les livres
(à écouter sur arteradio et ici même en lisant l'article qui suit)

 

Ceux qu’on a toujours refusé de lire pendant l’adolescence et qui vous saisissent à l’âge adulte : oh, à peu près tous les bouquins que dad m'a conseillé entre 12 et 18 ans et que j'ai ouvert depuis (hum hum)...

Ceux qu’on a adoré lire et qui ont vieilli, quand on les relit : Le Prophète, une révélation quand je l'ai lu en seconde, une déception le jour où je me suis replongée dedans.

Ceux qu’on refuse d’acheter parce qu’on refuse de donner de l’argent à ce type-là : les Marc Lévy.

Ceux dont on a tout oublié, sauf qu’on les a lu allongé sur le lit en écoutant Rhapsody in blue la plage en Croatie : Saga.

Ceux dont votre meilleur ami vous rebat les oreilles et qu’il ou elle finit par vous offrir et que vous laissez traîner bien en évidence pour lui faire croire que vous allez bientôt les lire.

Ceux qu’on a gardés pendant des années et qu’on ne retrouve plus le jour où on veut remettre la main dessus.

Ceux qu’on n’a jamais prêtés, et ce n’est pas demain la veille : Les Fleurs du mal, une édition qui sent le vieux et l'encens.

Ceux dont on veut se débarrasser, mais on ne sait pas trop comment, alors on les met dans des cartons, mais à qui va-t-on bien pouvoir les fourguer entasse sur ses étagères à Evreux :  mes Fantômette (il y en a un certain nombre, mais à la réflexion, je ne suis pas sûre de vouloir m'en débarrasser.

Ceux qu’on a prêtés et qu’on ne nous a jamais rendus, et on passe son temps, quand on va chez des copains, à regarder s’ils les ont pas sur leurs étagères : Qui a mon En attendant le roi du monde b*** de m*** ?!?

Ceux que des amis mon père ont achetés m'a offert un jour où l’auteur passait dans leur ville sa librairie et qu’ils lui ont a fait dédicacer spécialement pour vous : Pyjama party ("Eh les filles, y a Sara qui fait sa maline ! - On va lui ressortir deux trois photos d'elle, ça va la calmer vite fait...").

Ceux dont on est le seul à connaître l’existence, au point qu’on se demande parfois si on ne les a pas rêvés.

Ceux qui sont tombés en morceaux la première fois qu’on les a ouverts : Destinée arbitraire (et les bouquins poésie Gallimard en général...).

Ceux qui sont beaux, et qu’on a envie de montrer : les Jean Loup Sieff.

Ceux qu’on aperçoit dans le train en cours dans les mains d’une voyageuse copine : On the road.

Ceux autour desquels on tourne pendant des semaines : La Chartreuse de Parme.

Ceux qui n’étaient plus au catalogue depuis longtemps : La Fleur inverse (épuisé, si quelqu'un le trouve d'occasion, qu'il pense à moi !).

Ceux sur lesquels on jette un regard mitigé d’envie et de mépris : les Gavalda.

Ceux qui sont écrits en français mal traduit de l’anglais : Ulysse !

Ceux qui portent des bandes rouges plus larges que l’écharpe d’Homère : Le mec de la tombe d'à côté (Katarina Mazetti, en majuscule, caractère 72 : si avec ça on ne retient pas le nom de l'auteur...).

Ceux qui ne font aucun bruit et que personne ne voit : les livres publiés chez les éditions de Minuit.

Ceux qu’on a fabriqués de ses mains (ou presque) et dans lesquels on a mis toute sa vie : mon journal.

Ceux des gens qu’on connaît et qu’on aime bien : les Gilgamesh.

Ceux qu'on a pas lu des gens qu’on ne connaît pas et qu’on déteste, et inversement : les Beigbeder.

Ceux qu’on garde pour plus tard et qu’on empile sur la table de chevet : De l'amour, The English Patient, Poésie ininterrompue, Clair de femme, Lettres persanes, The complete tales and poems of Poe, La vie est un songe, Courir les rues...

Ceux qu’on aurait bien voulu écrire, mais un autre a eu l’idée avant : les pièces de Feydeau, Pas ce soir, je dîne avec mon père.

Ceux qui ne sont pas encore écrits : ma vie, mon oeuvre ? (sourire).

Ceux qui contiennent des mots, des sons et des images : les Calvino, en italien pour les mots et les sons, s'il vous plait.

Ceux qui sont magnifiques dans la tête et paraissent dérisoires une fois sur le papier : ma vie, mon oeuvre ? (re-sourire).

Ceux qu’on a envie de déchirer, de brûler, de détruire mais qui ne vous lâchent pas.

Ceux qu’on écrit ou qu’on lit dans un état d’euphorie insensé : En attendant le roi du monde, La Belle Hortense, Un Homme Heureux...

Ceux qu’on a laissés derrière soi en partant : Le seigneur des anneaux, L'éducation sentimentale, L'agneau, La chanson de Narbonne...

Ceux qu’on a emportés dans un carton spécial et qu’on ressort pour les ranger sur les étagères du haut : Du côté de chez Swann, Les Liaisons dangereuses, Les Yeux d'Elsa...

Ceux qu’on planque tout en bas, ou tout au fond : les dictionnaires et autres lexiques en tout genre.

Ceux qu’on laisse au fond du carton : nan nan (sourire).

Ceux qu’on a pris comme un voleur pour que personne ne les prenne avant nous et qui, quand on les a ôté de l’étagère, nous ont révélé un secret.

Ceux qu’on lit le soir avant de s’endormir : Kahawa, L'homme approximatif...

Ceux qu’on lit le soir à l’autre pour qu’elle il s’endorme : L'écume des jours.

Ceux qu’on retire doucement des mains de l’autre, quand elle s’est endormie.

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Commentaires
N
atoll...<br /> <br /> la tôle est verte qui recouvre nos livres.
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