Déménagement(s)

M. est partie hier soir.
Elle a vidé son appart, elle a tout mis dans des sacs, elle a rempli le couloir avec sa vie rue Herschel ("c'est fou tout ce qu'on peut mettre dans 10m² !").
Serge est arrivé, il a dit "ah ouais, ah ouais, ah ouaaaais...." vingt cinq fois avant de décider qu'il valait mieux fumer une clope avant de s'y mettre.
Elle a transféré son placard de bouffe chez moi ("tou veux del parmiggiano ? et les carottes ? jé mets les kellogs là...").
Elle a décroché le poster de sa porte pour me le filer. Il est maintenant dans le couloir.
Ma copine italienne se barre. Bouh...

On a passé un an et demi sur le même palier. On n'a jamais pris une seule photo.
Un an et demi de moi sur son pieu, d'elle et moi à la fenêtre, de sa tête dans l'entrebâillement de ma porte.
Un an et demi de confidences échangées, d'embrassades qui vous remettent la patate absolue, de "Sarrrra, tou peux mé passer une cigaretté s'il tô plait ?...", de "T'as pas une clooope ?...".
Hier soir, on s'est fait un grooos calin.
Je sens que je vais aller passer du temps dans le 11e...

Quand C. a demandé à L. "Pourquoi tu reprends la chambre de M. ?" elle lui a rétorqué "Pour être plus proche de Sara". Je crois que du tac-au-tac, comme ça, ça a eu un effet fou. C. nous a regardé de travers. Et puis elle a souri.

On a rencontré le mec qui va reprendre la piaule de L. Il est italien et ne parle pas un mot de français. Souriant. Il visite une chambre comme il va acheter une brosse à dents. Ca a pris deux minutes montre en main. Un mec à l'étage... Pourquoi pas.