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In Bocca Al Lupo
2 décembre 2007

Oops-a-daisy

DSCF2907longue

Vendredi midi, Pierre vient me chercher. On saute dans le train pour Evreux. Back to the roots. Vendredi après-midi, médiathèque. Version d'anglais.

"Tiens, tu savais que bittersweet, ça veut dire aigre-doux ?".

Mon Robert et Collins contre son code civil.
Mes feuilles de papier contre son écran de pc.

"Whenever we sleep together, you are cramped for space".

Et J qui nous rejoint. J et ses schémas d'anat'. C'est vrai, on est en train de devenir des "trucs spécialisés". Spécialisé en quoi, je sais, mais pour quoi ?


Vendredi soir, j'ai décidé de retourner la voir. Elle me manquait. Je suis arrivée avec un bouquet de fleurs, parce que c'était son anniversaire le 23 et que j'étais trop prise par mes cours pour y penser. Le lavage de cerveau, total. Je crois que c'est jeudi que je me suis rendue compte que j'allais péter un sérieux plomb si je ne me recentrais pas.

Et j'ai décidé de faire ce que j'ai toujours fait
en cas de mini coup de boubou ou de maxi crise de larme :
je suis allée au cirque.

The cours du vendredi soir, le seul, l'unique. Celui que j'avais suivi de la sixième à la terminale. Celui qui me manque tant depuis que je suis à Paris. A passer trop de temps le cul sur une chaise, j'en deviens hypocondriaque. "Ah mais qu'est-ce que c'est que cette petite boule là ? Je ne l'avais pas hier..." Je crois que je ne suis plus seulement fatiguée intellectuellement, je suis mentalement exténuée. Et en bonne masochiste maniaque que je suis, au lieu de me reposer l'esprit pour un temps, j'ai décidé d'égaliser tout ça en allant m'exploser le corps.

Il fut un temps où ma mère m'emmenait à Jeune Cité.
Maintenant c'est moi qui m'emmène à Maxime Marchand.

Des visages qui s'illuminent, ceux de gens que je n'avais pas vu depuis trop longtemps. L'espace d'un instant, j'ai cru que je n'étais jamais partie.

"Tiens, une revenante..."

J'ai bredouillé quelque chose du genre : "..........anniversaire..........vraiment désolée..........te revoir..........permis..........". Je suis tombée dans ses bras. Ou l'inverse. Je ne sais plus, mais elle m'a serrée très fort. La sentir, l'entendre me dire "ma mimine"... Me suis sentie toute petite. Moi qui étudie les belles phrases, pas capable d'en faire une. Même pas une jolie, même pas une potable. Quand elle a relâché son étreinte, j'ai réalisé que le monde était encore là.

[C'est clicheteux à souhait. J'adore.]

C'est bon de remettre la machine en route, et du même coup les choses à leur place. La peau arrachée sur les avants bras à cause des tours de ventre, les bleus sur les cuisses à cause de la position porteur, les rougeurs sur les pieds à cause des échappées. Et encore, j'attends non sans impatience les coubatures du surlendemain... Mum me regarde, perplexe. "Envoie moi en l'air... Fais moi mal..." Elle ne comprends pas que le plaisir, ce n'est pas le mal en lui-même, c'est ce qu'il représente : une figure réussie. Je revisite avec délice les montées de corde et les assouplissements. Je navigue entre plaisir égoïste de retrouver une partie de moi et duo en jongle ou en trapèze avec des gamins que je découvre.

"Toi qui voit le ciel de si haut, embrasse -le pour moi."

Agathe, ma belle, Nolwenn a tellement grandi. Dans les vestiaires, à la fin du dernier cours, elle m'a raconté que la cour du collège, c'est nul parce qu'on ne fait que marcher, on ne joue plus. Et que les filles qui sourient ne sont pas gentilles, en fait. J'avais lancé un "quoi de neuf minette ?" tout ce qu'il y a de plus plat et banal. Et sa spontanéité m'a submergée.

J'ai été un meuble à ce cours,
une élève toujours là(-haut sur le trapèze),

et me voilà une antiquité.

Avant de partir, je lui ai promis de venir à la piscine le lendemain. Je m'étais promis d'aller bosser. Faut croire que les promesses qu'on fait à certaines personnes sont porteuses de bien plus de sens que celles que l'on se fait.


C'est toujours avec un sourire attendri et moqueur que je parle de ces gamins sur le trapèze qui, quand on leur dit "tend la jambe gauche", répondent "laquelle ?".

L'année dernière, je venais le plus souvent possible. Paris la semaine, métro-boulot-dodo, et le seul moment où je pouvais profiter de la capitale, je me barrais pour retrouver Anne à Evreux le samedi matin. L'année dernière, on faisait du trampo dans l'eau. Et il a fallu que j'attende décembre pour apprendre qu'il y a maintenant un trapèze.

Du ballant au-dessus de l'eau. Le rêve.

Dans les faits, ça c'est avéré sensiblement moins idyllique...

Samedi matin, j'étais rincée. Mais vraiment.

Moi qui riait gentiment de ces gamins, quand Anne m'a dit "dégage les jambes à l'arrière", j'ai lâché les bras à l'arrière... "C'est ça ce qu'ils t'apprennent à Paris, hein, c'est ça ce qu'on te dit à la khâgne ? Ah bah bravo hein". Et elle a explosé de rire. De son rire sonore qui a empli la piscine Jean Bouin. Ils sont merveilleux, les éclats de rire de Anne. C'est grave, parfois gras même. Et elle m'a fait rire. Je ne sais plus très bien de quoi j'ai ri, mais c'était puissant. Un de ces rires qui monopolisent tellement les abdos qu'on n'est pas capable de rattraper la barre... Mon bonnet de bain en tombe, ça fait un petit "flop" quelques mètres plus bas.

"Equerre, fouette et passe..."

Très vite, rien à faire, mon équerre est à 45 degrés, je fouette sans conviction, et ça ne passera plus. Le ballant s'atténue. Et là, quand on lâche les mains, on tombe à pic dans l'eau tiède et chlorée... Oui m'dame, elle est belle la vie.


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Commentaires
M
Jolie photo <br /> =D<br /> <br /> Quel plaisir! Encore et encore de te revoir toi et ton sourire invicible (clin d'oeil)<br /> <br /> A tres bientot je l'espere!<br /> <br /> <br /> T'embrasse.<br /> T'aime.
P
Euh excusez moi mais c'était mon code pénal... Rien à voir avec la choucroute...
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