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In Bocca Al Lupo
17 août 2007

Episode 2

Mi-juillet, une semaine à Agon-Coutainville avec papou. Je n'avais pas passé de vacances avec lui depuis... au moins douze ans, ce qui remonte avant le divorce de papamaman (en un seul mot).

Ca promettait d'être épique et, en un sens, ça l'a été.

Je n'ai pas ce qu'on pourrait appeler une relation fusionnelle avec mon grand-père. Jusqu'à mes dix-huit ans, je ne le voyais que rarement, une fois par mois au maximum avec dad et C., le temps d'un repas qui débordait sur le début de l'après-midi. Quand dad et moi avons cessé de nous voir, je ne l'ai plus vu qu'une fois par an - petite-fille ingrate que je suis...

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L'idée d'aller passer quelques jours avec lui dans son mobilehome au camping a germé quand j'ai réalisé que ces vacances me permettraient de cumuler une séance de rattrapage intergénérationnelle, des retrouvailles avec P. et des séries de 3B (bouquin, baignade et bronzette en bord de mer). Mon grand-père a tout de suite accepté mais sans grand enthousiasme apparent (il est encore pire que dad dès qu'il s'agit d'exprimer sa joie, y a pas d'mystère en génétique ma brave dame !).

Et bien devinez quoi ? Redécouvrir son grand-père, ça tient du travail d'ethnologue - fous rires à la clef. Après une semaine d'observation attentive, je pourrais sans problème écrire une chanson qui s'intitulerait "Marcel", sur le modèle de "Léa" de Louise Attaque. Je ne le fais pas parce que ce serait pl us long et fastidieux qu'amusant et aussi parce que j'ai la flemme (je suis en vacances, tout de même...).

Donc... Papou est quelqu'un qui a des idées très arrêtées (comme souvent chez les personnes qui prennent de l'âge me direz-vous).

    Parmi ces idées, il y a le respect de l'intimité de l'autre, il est d'une discrétion quasi maladive et se justifie sans cesse par un "Tu connais mon principe !" (discuter un tel argument d'autorité se révèle herculéen...). Il ne parle jamais de ses sentiments (à croire qu'il vit dans un monde totalement matériel) et il ne cherche jamais à savoir ce que ressentent les gens.
    Le travail est pour lui une valeur fondamentale, quand je lui ai appris que P. se défendait bien à la fac de droit il m'a répondu aussi sec "C'est bien parce que les jeunes hommes y fument, y boivent, y s'droguent, y z'en fichent pas une ramée, bref, y préparent leur avenir !".
    Dans sa vie de retraité, mon grand-père a deux passions, son jardin et son lumix. Alors, le comble, c'est bien sûr quand il prend avec amour des photos de ses hortensias avec son appareil numérique, que d'émotions !

    Papou est assez "boudiou" (désolée mais je ne trouve pas d'autre mot !), il ponctue souvent ses phrases d'un "Ben qu'é tu veux faire !". Ca me fait sourire... Par contre, ce qui ne me fait pas sourire du tout, c'est quand, lors d'une promenade en centre ville, il dit haut et fort "Encore une mangeuse de frites ! J'regarde qu'est-ce qu'il y a comme gros en France maint'nant..." alors qu'une dame fortement enrobée marche juste devant nous... Délicatesse, quand tu nous tiens !

  Avec cela, il a ce côté moqueur et taquin qui fait qu'il ne peux s'empêcher d'ironiser sur les histoires que nous raconte O., son amie. Distance critique en tout bien tout honneur, son admiration envers la gente féminine interdisant toute critique négative... Il passe son temps à dire en un soupir "Tandis qu'une femme...". D'après papou, les femmes savent tout faire, et attention hein, pas seulement la cuisine et le ménage.

    Il y a deux choses pour lesquelles papou se fait du souci à mon égard : l'école et la santé. Comme je lui ai dit que l'année avait été assez fatigante, il a parfaitement compris que douze heures de sommeil par nuit est pour moi un minimum en vacances. A cette cure de sommeil s'ajoute une cure de nourriture ; papou me répétait inlassablement tous les matins "Mais t'as rien mangé !" alors que je venais d'engloutir un jus d'oranges pressées, un thé, une pêche et cinq énormes tartines de confiture... (Ô mon cher Nono, comme je te comprends quand tu disais que pour ta mamie "oui" et "non" signifient "encore" à table).
    Je crois que ce qui m'a le plus marqué, c'est son regard dans le vide. Mes deux grands-pères ont cela en commun, ils pensent beaucoup, parlent peu et agissent bien. Le must du must, c'est le regard dans le vide de Papou quand il pense à C., il a les yeux qui pétillent, le sourire en coin et il dit "Ah, la bonne C..." (non, non je ne suis pas jalouse !).

Contre toute attente, j'ai presque passé des vacances funky -à la réflexion.

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